Architecture, arts appliqués, design : histoires partagées
Journée d’études doctorales
INHA – Paris-Sorbonne, Paris, le 15 juin 2018, salle Ingres
Appel à communications
Journée d’études doctorales proposée par Estelle Thibault (IPRAUS/UMR AUSSER, ENSA Paris-Belleville), responsable scientifique invitée, dans le cadre du Séminaire doctoral en Histoire de l’architecture organisé par Anne-Marie Châtelet (EA Arche, ENSA Strasbourg, Université de Strasbourg), Hélène Jannière (EA Histoire et critique des arts, Université Rennes 2) et Jean-Baptiste Minnaert (UMR André Chastel, Sorbonne Université).
Cette journée doctorale sera consacrée aux relations mouvantes et variées que l’architecture entretient avec ce que l’on nomme aujourd’hui les arts appliqués. Ces activités de conception,désignées selon les époques par différents termes –arts décoratifs, arts industriels, design…– concernent aussi bien les détails des bâtiments eux-mêmes que les accessoires séparables qui les équipent, mobiliers, tapis et autres ustensiles du quotidien. Elles furent, au fil de l’histoire et selon les contextes culturels,revendiquées comme étant constitutives du travail de l’architecte ou déléguées à des hommes de métiers, tantôt intimement associées au projet d’édifice jusqu’à en constituer la part proprement artistique, tantôt considérées comme des activités relevant d’un genre mineur, secondaire,voire extérieur au domaine de l’art de construire.
Les importants renouvellements qu’a connu, dans les dernières décennies, l’historiographie des arts décoratifs et de l’ornement nous invite aujourd’hui à questionner les hiérarchies supposées entre architecture et design, et à reconsidérer ces pratiques non plus comme des champs subalternes mais comme des lieux de renouvellement de l’architecture, de ses processus de conception comme de ses théories. Depuis 2016, deux colloques organisés par l’Université de Lausanne ont examiné les relations entre décor et architecture à l’époque moderne. C’est également la généalogie du modernisme architectural qui a pu être relue au travers des échanges et collaborations entre architectes, décorateurs ou ensembliers (Troy, Froissart), d’une production en série d’abord appliquée aux accessoires décoratifs (Nègre), ou de l’investissement affectif des objets du quotidien (Payne).
Les travaux récents ont également souligné le fait qu’au XIXe siècle, l’essor sans précédent des arts industriels s’accompagne de réflexions sur leur enseignement et de l’émergence de toute une littérature, théories, traités et recueils, s’intéressant aux productions de toutes les époques et de tous les continents (Labrusse). Nombreux sont alors les ouvrages qui examinent conjointement « l’architecture et les arts qui en dépendent » pour y interpréter les changements stylistiques à l’aune des évolutions techniques, sociales et culturelles, mais aussi pour comprendre les migrations de motifs, entre le monde anonyme des métiers et celui plus élevé de l’art de bâtir. Si les condamnations de l’ornement ont distendu les liens entre décoration et architecture, les XXe et XXIe siècles ne sont pas moins riches en relations, directes ou analogiques, entre le monde du design – mobilier, mais aussi textile et typographie– et celui de la construction des édifices.
Les propositions pourront concerner différentes périodes et aires géographiques et explorer différentes thématiques, notamment :
- l’analyse des projets et réalisations : les jeux d’interaction, d’unité ou d’indépendance entre la petite échelle du détail ornemental, celle des objets – mobiliers etc – et celle de l’édifice ; la variété des conceptions, allant de celles qui revendiquent un art total à celles qui, à l’inverse, valorisent l’indépendance entre le cadre architectural et les objets qui le meublent, dont le choix est librement laissé à la subjectivité de l’habitant.
- les processus de projet et les interactions professionnelles : les doubles activités ou collaborations entre architectes, décorateurs, ornemanistes et designers, les temporalités à l’œuvre dans leurs interventions respectives, les coopérations fructueuses ou, à l’inverse, les conflits liés à la paternité de l’œuvre.
- la place faite aux arts décoratifs et au design dans la littérature architecturale, mais aussi, de façon réciproque, l’image de l’architecture véhiculée dans les publications traitant des arts appliqués ; la contribution des théories sur l’ornement –incluant son rejet– à l’évolution d’une pensée architecturale.
Les doctorants souhaitant présenter leurs travaux lors de cette journée peuvent envoyer une proposition de communication (environ 300 mots) accompagnée de quelques lignes de CV le 2 mai 2018 au plus tard. Elle sera adressée conjointement à :
Estelle Thibault (École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville) estelle.thibault[at]paris-belleville.archi.fr
Anne-Marie Châtelet (École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg)
chatelet.schmid[at]wanadoo.fr
Hélène Jannière (Université Rennes 2)
helene.janniere[at]univ-rennes2.fr
Jean-Baptiste Minnaert (Sorbonne Université)
jean-baptiste.minnaert[at]sorbonne-universite.fr
Le résultat de la sélection des propositions retenues par les organisateurs sera annoncé par mail le 10 mai 2018.
Les organisateurs sont au regret de faire savoir aux intervenants que leurs frais de mission devront être prioritairement pris en charge par leur laboratoire ou université.