Sous le signe de Saxo / Under the Sign of Saxo
Histoire, identité et nation dans la Geste des Danois / History, Identity and Nation in the History of the Danes
Colloque international / International Symposium
Appel à communications
Dans la plupart des pays européens, la constitution de l’identité nationale est un phénomène dont l’on situe traditionnellement la naissance entre les XVIIIe et XIXe siècles. Il en est de même pour le Danemark où la perte de la Norvège en 1814 et la défaite de 1864 face à la Prusse et son alliée l’Autriche revêtent une importance toute particulière. Les prémisses de ce phénomène sont toutefois perceptibles dès le Moyen Âge, la Geste des Danois occupant à ce titre une place primordiale. Commencée vers 1180 sous l’impulsion de l’archevêque Absalon et achevée autour de 1210, son auteur, Saxo Grammaticus, propose ici une histoire monumentale des souverains danois sur plus de 2000 ans. Après une préface incluant une description géographique du Nord, Saxo consacre une première partie de son œuvre aux rois mythiques du Danemark en faisant débuter son récit avec l’ascension au trône de Dan, le fondateur éponyme de la nation danoise. Puis, dans un second temps, il aborde les règnes successifs des souverains historiques, de Harald à la Dent Bleue (v. 958-v. 985), que l’historiographie traditionnelle présente comme l’unificateur et l’évangélisateur du Danemark, à Valdemar le Grand (1157-1182).
Si cette immense fresque latine connaît une diffusion limitée au Moyen Âge, elle bénéficie d’un important regain d’intérêt dès le début de l’époque moderne. Le Danemark se dote ainsi d’un glorieux passé et, à certains égards, la Geste des Danois apparaît comme un texte fondateur à l’image de l’Iliade en Grèce, de l’Énéide en Italie, de la Chanson de Roland en France et de la Chanson des Nibelungen en Allemagne. Avec l’édition princeps de 1514, la Geste des Danois devient une référence incontournable pour l’historiographie danoise jusqu’au Siècle des Lumières, tandis qu’elle suscite davantage une lecture hostile du côté suédois. Mais si les historiens actuels se montrent plus prudents à l’égard de la véracité de ce récit, la Geste des Danois reste aujourd’hui une source centrale pour étudier le Danemark médiéval et est à ce titre perçue comme le grand classique du Moyen Âge danois. Elle demeure toutefois une œuvre relativement méconnue à l’étranger, même si elle a servi de matrice à plusieurs réécritures célèbres, en premier lieu les légendes de Guillaume Tell en Suisse et de Hamlet en Angleterre.
Le colloque entend mettre en lumière la constitution d’une identité nationale danoise en se focalisant notamment, mais non exclusivement, sur Saxo et son œuvre. Les contributions pourront porter sur l’archéologie et les textes antérieurs à la Geste des Danois, par exemple pour confronter le récit de Saxo à la réalité historique, sur la réception médiévale de la Geste des Danois avant l’édition de 1514, sur la période durant laquelle cette œuvre est considérée comme une « Bible » nationale, surtout à l’occasion des conflits avec la Suède, sur la naissance de l’historiographie danoise moderne et le changement de paradigme, au profit notamment de la préhistoire, de l’archéologie et du récit viking, sans pour autant négliger la réception contemporaine de Saxo, entre autres à travers les nombreuses traductions.
Les interventions pourront être présentées en français ou en anglais. Les propositions de communication d’environ 300 mots sont attendues au plus tard pour le 31 décembre 2022 avec une courte biographie. Elles seront à retourner aux adresses suivantes : christian-bank.pedersen[at]unicaen.fr et simon.lebouteiller[at]unicaen.fr
Call for papers
In most European countries, the formation of national identity is a phenomenon whose birth is traditionally situated between the 18th and 19th centuries. This is also the case for Denmark where the loss of Norway in 1814 and the 1864 defeat to Prussia and its Austrian ally are of particular importance. The premises of this phenomenon are however already perceptible in the Middle Ages, the Gesta Danorum (The History of the Danes), occupying a primordial place in this respect. Begun around 1180 at the instigation of Archbishop Absalon and completed around 1210, its author, Saxo Grammaticus, offers in his work a monumental history of Danish sovereigns over more than 2000 years. After a preface including a geographical description of the North, Saxo devotes the first part of his work to the mythical kings of Denmark, starting his story with the ascension to the throne of Dan, the eponymous founder of the Danish nation. Then, in a second section, he approaches the successive reigns of historical sovereigns, from Harald Bluetooth (c. 958-c. 985), considered by traditional historiography as the unifier and evangelizer of Denmark, to Valdemar the Great (1157-1182).
This immense Latin fresco, which attained only a limited circulation in the Middle Ages, benefits from a major revival of interest from the beginning of the modern era. Denmark thus acquires a glorious past and, in certain respects, the Gesta Danorum appears as a founding text like the Iliad in Greece, the Aeneid in Italy, Roland’s Song in France and the Song of the Nibelungs in Germany. With the first edition of 1514, the Gesta Danorum became an essential reference for Danish historiography until the Age of Enlightenment, while it provoked a more hostile reading on the Swedish side. If current historians are more cautious about the veracity of this account, the Gesta Danorum remains today a central source for studying medieval Denmark and is therefore perceived as the great classic of the Danish Middle Ages. However, it is still a relatively unknown work abroad, even if it served as a source of inspiration for several famous rewritings, such as the legends of William Tell in Switzerland and Hamlet in England.
The symposium intends to study the constitution of a Danish national identity by focusing on Saxo and his work, albeit not exclusively. Contributions may relate to archeology and texts prior to the Gesta Danorum – for example to compare Saxo’s account with historical reality –, to the medieval reception of the Gesta Danorum before the 1514 edition, or to the period during which this work is considered as a national “Bible”, especially during the conflicts with Sweden. Contributions may also give thought to the birth of modern Danish historiography and the change of paradigm, in particular for the benefit of prehistory, archeology and the Viking story, or examine the contemporary reception of Saxo, for instance through the many translations.
The papers will be in French or in English. Paper proposals (approximately 300 words) must be sent by the 31st of December 2022 with a short abstract. They will be sent to the following e-mail addresses: christian-bank.pedersen[at]unicaen.fr et simon.lebouteiller[at]unicaen.fr
Comité d’organisation / Organizing committee : Christian Bank Pedersen (Caen), Simon Lebouteiller (Caen), Ingvil Brügger Budal (Bergen), Caroline Olsson (Lyon), François Émion (Paris), Frédérique Harry (Paris), Jules Piet (Strasbourg), Peter Andersen (Strasbourg)
Laboratoires partenaires / Partnerships : UR 4254 (ERLIS, Caen), EA 1853 (LCE, Lyon 2), UR 3556 (REIGENN, Paris), UMR 3400 (ARCHE, Strasbourg), HVL (Høgskulen, Bergen)
Lieu / Place : Auditorium du Château de Caen / Auditorium of the Caen Castle
Dates / Dates : 23-24/06/2023
Conférencier principal / Keynote speaker :
Mia Münster-Swendsen, Professeur, Université de Roskilde / Professor, Roskilde University : “(Re)constructing the Past – Saxo and Contemporary European Historiographies”
Date-limite pour les propositions de communication / Deadline for paper proposals : 31/12/2022
Envoi / Submission : christian-bank.pedersen[at]unicaen.fr + simon.lebouteiller[at]unicaen.fr