Conférences et tables rondes

Conférences et tables rondes 2018-2019

Mardi 5 mars 2019

Conférence : Rose Valland sur le front de l'art (Emmanuelle Polack, docteur en histoire de l'art)

Table ronde sur la spoliation des biens culturels et les questions que celles-ci posent aujourd'hui à l'historien d'art, au professionnel des musées, mais également au juriste et à l'homme politique, avec : Emmanuelle Polack (docteur en histoire de l'art), Julien Chiappone-Lucchesi (directeur rayonnement européen et international et conseiller diplomatique du maire de Strasbourg), Paul Lang (directeur des musées de Strasbourg), Marie-Laure Lhuillery-Schmeitzky (conseiller honoraire à la Cour de cassation) et Catherine Maurer (professeur d'histoire contemporaine à l'université de Strasbourg)

Compte rendu : La conférence-table ronde de l’édition 2019, à laquelle assistèrent plus de soixante personnes, a été consacrée à un sujet d’actualité, notamment à la suite de l’engagement du Président Macron à restituer aux États d’Afrique le patrimoine africain conservé dans les musées français : la spoliation des biens artistiques et culturels.

Emmanuelle Polack, docteure en histoire de l'art et spécialiste de l’art sous l’Occupation (voir son ouvrage Le marché de l’art sous l’Occupation 1940-1944, Paris, Tallandier, 2019) et des recherches de provenance des œuvres volées lors de la Seconde Guerre mondiale, a donné dans ce cadre une conférence intitulée « Rose Valland sur le front de l'art » consacrée au rôle déterminant qu'a joué Rose Valland dans la récupération après-guerre des œuvres d’art spoliées par les Nazis.

Lors de la table ronde qui suivit, Julien Chiappone-Lucchesi, directeur rayonnement européen et international et conseiller diplomatique du maire de Strasbourg, évoqua la dimension politique des questions posées par les restitutions des biens culturels et notamment le cas de la Pologne. Paul Lang, directeur des musées de Strasbourg, rendit quant à lui l’assistance attentive à la difficulté que rencontrent les conservateurs de musées à retracer avec assurance l’historique des œuvres, notamment en cas d’acquisition, et à la nécessité accrue pour ces derniers de recourir à des chercheurs de provenance encore peu nombreux en France. Marie-Laure Lhuillery-Schmeitzky, conseiller honoraire à la Cour de cassation, exposa ensuite l’affaire du tableau de Klimt L’accomplissement acquis par les musées de Strasbourg en 1959 et finalement remis à la famille de Karl Grünwald après le jugement qu’elle rendit au tribunal de grande instance de Strasbourg le 11 janvier 1999, confirmé par la cour d’appel de Colmar en décembre 2000. Enfin, Catherine Maurer, professeur d’histoire contemporaine, évoqua le sort des bibliothèques – notamment la bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg - dont les ouvrages firent également l’objet de spoliations durant la seconde guerre mondiale.Au fil des échanges et des discussions qui s’ensuivirent purent ainsi être abordées les questions que ces dernières posent aujourd'hui à l'historien de l’art, au professionnel des musées, mais également au juriste et à l'homme politique.


Lundi 16 avril 2018

Séance inaugurale de l’axe « Transmissions : enseignement, modèles, patrimoines »

Conférence : Instrumentaliser le patrimoine en guerre : l'exemple du « musée des atrocités allemandes », Paris, 1916 (C. Maingon, université de Rouen)

Table ronde avec C. André, N. Lefort et L.N. Panel

Compte rendu : Intitulée Patrimoine détruit, patrimoine sauvegardé : quelle mémoire ?, la séance inaugurale de l’axe « Transmission(s). Enseignement, modèles, patrimoines », qui s’est tenue le 16 avril 2018, s’est ouverte par une conférence de Claire Maingon, maître de conférences en histoire de l’art contemporain à l’université de Rouen. Celle-ci a porté sur l’instrumentalisation du patrimoine en période de conflit en s’appuyant sur le rôle joué par une exposition présentée à Paris en 1916 au titre évocateur : « Exposition d’œuvres d’art mutilées », également connue sous le titre « Musée des atrocités allemandes ». C. Maingon a démontré à cette occasion combien le patrimoine avait été utilisé pendant la Première Guerre mondiale pour mobiliser les Hommes et les esprits et dans quelle mesure les commissaires de l’exposition du Petit Palaissouhaitaient faire une analogie entre les œuvres endommagées et les soldats blessés. L’objectif ultime de cette exposition était bien de plonger le public dans le drame des territoires envahis et de faire vibrer la corde patriotique.

Lors de la table ronde qui a suivi, C. Maingon a été rejointe par Camille André, architecte du patrimoine, Nicolas Lefort, docteur de l’université de Strasbourg et spécialiste de l’histoire des institutions patrimoniales en Alsace, et Louis-Napoléon Panel, conservateur des Monuments historiques à la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d’Alsace. Les très riches débats ont porté sur les problèmes actuels de préservation du patrimoine ainsi que sur les modes de sélection des monuments classés au titre des Monuments historiques. L’importance de l’auditoire (plus de quarante personnes ont assisté à cette séance inaugurale) a montré l’intérêt pour ces questions


Lundi 18 mars 2024

Conférence : Etudier et exposer l’art japonais : quel point de vue adopter ? (E. Bauer, professeure au département d’Études japonaises, Inalco)

 Table-ronde : J. Auber Delapierre, chercheur post-doctorant au Collège de France et chargé d’enseignement à l’Université de Strasbourg ; D. Mulard, maitresse de conférences au département d’études japonaises à l’Université de Strasbourg ; C. Peltre, professeure émérite d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Strasbourg et J. Ramos, professeure d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Strasbourg

Compte rendu : le 18 mars 2024, sous le titre « Etudier l'art d'Orient. Enjeux et problématiques actuels », l’axe Transmission a organisé une manifestation (une conférence suivie d’une table-ronde) qui entendait poursuivre une série de questionnements faisant écho à des problématiques agitant la société et dont certains éléments avaient déjà commencé d’être abordés lors de manifestations précédentes.

La conférence « Etudier et exposer l’art japonais : quel point de vue adopter ? » donnée par Estelle Bauer, Professeure au département d’Études japonaises, à l’Inalco, a été l’occasion d’évoquer plusieurs des expositions au commissariat desquelles elle a participé. Parmi celles-ci, l’exposition "L'amour, La guerre, la fête. Merveilles de l'art narratif japonais" qui a eu lieu en 2021 au musée Rietberg (Zurich) lui a permis de montrer que la littérature nourrit de manière très récurrente l’imaginaire des artistes plasticiens japonais quel que soit leur domaine d’activité. Ces références multiples sont cependant difficiles à repérer pour un public occidental qui n’est pas familier de la littérature traditionnelle japonaise. L’un des enjeux de l’exposition qui a eu lieu en Suisse était justement de montrer au public européen la multiplicité de ces références qui, parfois, se réduisent à de simples signes symboliques.

La table-ronde qui a suivi la conférence a réuni quatre historiens de l’art : Julien Auber Delapierre, Chercheur post-doctorant au Collège de France et chargé d’enseignement à l’Université de Strasbourg ; Delphine Mulard, Maitresse de conférences au département d’études japonaises à l’Université de Strasbourg ; Christine Peltre, Professeure émérite d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Strasbourg et Julie Ramos, Professeure d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Strasbourg. Chacun des intervenants a présenté succinctement l'objet de ses recherches actuelles et ses questionnements spécifiques puis un débat a été lancé sur la question de savoir si la manière d'aborder l'art extra-européen par des historiens occidentaux a changé ces dernières années notamment dans le contexte des polémiques autour de l'appropriation culturelle.