Benoît Vaillot
soutenance de thèse
Aux portes de la nation
Une histoire par en bas de la frontière franco-allemande (1871-1914)
vendredi 8 octobre 2021, 17 heures
Institut Universitaire Européen
Villa Salviati (sala del Torrino)
Via Bolognese, 156
50139 Firenze
Pour y assister en visioconférence (zoom), s’inscrire auprès de Francesca Parenti : francesca.parenti[at]eui.eu
Jury
Pieter M. Judson
Co-directeur de thèse
Professeur d'histoire contemporaine, Institut Universitaire Européen (Florence)
Catherine Maurer
Co-directrice de thèse
Professeur d’histoire contemporaine, Université de Strasbourg (Strasbourg)
Lucy Riall
Professeur d’histoire contemporaine, Institut Universitaire Européen (Florence)
Jakob Vogel
Professeur d’histoire contemporaine, Centre Marc Bloch (Berlin)
Résumé
Cette recherche doctorale propose une histoire, transnationale et par en bas, de la frontière tracée entre la France et l’Empire allemand à la fin de la guerre de 1870 et disparue avec les premiers combats de la Première guerre mondiale. Rarement une frontière n’aura autant retenu l’attention de ses contemporains et aussi bien illustré sa fonction de point d’équilibre entre deux puissances antagonistes, à l’ère des États-nations.
Au-delà des questions politiques classiques généralement appréhendées au niveau des gouvernements, cette thèse propose d’analyser la construction des souverainetés et des identités nationales au plus près de la frontière, en partant des acteurs locaux et intermédiaires tant du côté français que du côté allemand – en prêtant attention aux évolutions singulières que connaît l’Alsace-Lorraine sous domination allemande. Il s’agit d’appréhender l’exercice concret et quotidien de la souveraineté à travers divers objets : l’expérience du contrôle et de la surveillance des personnes, des animaux et des marchandises ; le braconnage, la contrebande et l’espionnage ; les stratégies de nationalité déployées par les habitants ; ou encore les nouveaux défis posés par les premières pandémies mondiales, et le développement de l’automobile et de l’aéronautique au tournant du siècle. Cette frontière a aussi servi de cadre d’appropriation de la nation, un phénomène historique abstrait abordé ici de façon concrète grâce à l’étude des activités sportives, touristiques et mémorielles des habitants, qui sont éminemment porteuses de sens politique. Enfin, de façon plus inattendue, la frontière s’est inscrite dans les paysages et, compte tenu des différentes politiques environnementales mises en œuvre en France et en Allemagne, la limite de souveraineté est aussi une frontière écologique aux conséquences durables.
La frontière franco-allemande a constitué un laboratoire où ont été expérimentés des dispositifs sociaux et politiques ultérieurement étendus aux autres frontières de France et d’Allemagne, et appliqués ensuite à l’ensemble des frontières européennes après la Première Guerre mondiale. À bien des égards, cette frontière singulière porte en elle les germes de profondes transformations que connaîtront la souveraineté et l’identité nationale au cours du XXe siècle.
Un site internet (www.border1871.eu) propose aux lecteurs d’entrer dans le cabinet du chercheur. Il donne accès à une base de données des incidents survenus à la frontière franco-allemande entre 1871 et 1914 (www.border1871.eu/database), ainsi qu’aux sources qui ont permis sa constitution et qui ont été mobilisées tout au long de la thèse. Le site rassemble par ailleurs une collection de cartes postales de la frontière, une sélection de cartes anciennes ainsi qu’un atlas historique réalisé au cours de la recherche doctorale.