Dans le nord de la France ainsi que dans une large part des anciens Pays-Bas, la juridiction gracieuse des échevins a pris la forme originale de chirographes non scellés. Apparus au début du XIIIe siècle, ces actes se caractérisent par leur forme de chartes-parties dont un exemplaire était conservé par un échevin et, partant, par le recours à une devise chirographique servant de signe de validation. Ils sont rédigés en langue vernaculaire et plus particulièrement en « français picard », dans un formulaire dont la structure semble se retrouver d’échevinage en échevinage. L’adoption rapprochée dans le temps du chirographe par différentes juridictions échevinales pose la question de son invention et de sa diffusion, dans un monde où le pouvoir scabinal s’impose à la fois du point de vue documentaire et politique.
Si quelques travaux pionniers furent consacrés aux chirographes échevinaux avant la première Guerre mondiale, force est de constater que ces actes n’ont guère attiré l’attention des diplomatistes jusqu’à l’aube du XXIe siècle. Le caractère souvent très local de la documentation, la relative modestie formelle des actes, ainsi que les ravages provoqués par les deux derniers conflits mondiaux – qui ont vu brûler les gigantesques collections de chirographes d’Ypres et de Tournai – expliquent très certainement cette longue parenthèse. Un regain d’intérêt est toutefois constaté depuis environ deux décennies, dans le sillage du nouveau courant de recherches, complexe, autour de l’étude des scripturalités médiévales et d’un engouement renouvelé pour le patrimoine écrit. Les chirographes échevinaux sont donc (re)devenus un objet d’étude. Au-delà de l’accumulation de travaux sur les cas locaux dans le cadre de monographies, il convient désormais d’essayer d’envisager ce type de documents globalement, comme un phénomène scripturaire traversé par des lignes de force à l’échelle d’une vaste région comprise entre Seine et Rhin, dont les contours précis restent à définir.
Tel est l’objectif de ces deux journées d’études co-organisées par le centre de recherches « Pratiques médiévales de l’écrit » (PraME) de l’Université de Namur, l’équipe « Cultures graphiques » de l’Université catholique de Louvain et l’EA 3400 « ARCHE » de l’Université de Strasbourg, en collaboration avec le PAI 7/26 « City and Society in the Low Countries (1200-1850) ».
Jeudi 28 septembre
09h30 : Accueil
10h00 : Paul Bertrand (Université catholique de Louvain), Thomas Brunner (Université de Strasbourg), Jean-François Nieus (FNRS-Université de Namur) – Introduction
10h15 : Jean-Charles Bédague (Archives de France, Paris) – Chirographes des échevins, chirographes des chanoines. Thème et variations de la pratique chirographaire à Saint-Omer, du début du XIIIe au début du XIVe siècle
11h00 : Pause-café
11h15 : Jean-François Nieus (FNRS-Université de Namur) – Autour d’un naufrage : la diplomatique des opérations bancaires à Arras, fin XIIe-milieu XIIIe siècle
12h00 : Lunch
14h00 : Daniel Power (Swansea University) – Les origines et l’essor des « concordes finales » en Angleterre (XIIe-XIIIe siècles)
14h45 : Judith Olszowy-Schlanger (École pratique des hautes études, Paris) – Les chirographes hébreux en Angleterre médiévale : deux traditions diplomatiques en contact
15h30 : Pause-café
15h45 : Table ronde – Nouveaux projets de recherche autour des chirographes urbains
17h30 : Fin de la première journée
Vendredi 29 septembre
9h00 : Martin-Dietrich Glessgen, Dumitru Kihaï (Université de Zurich) – La question de la variance linguistique dans les chirographes en langue vernaculaire
09h45 : Sébastien Hamel (CNRS-Institut de recherche et d’histoire des textes, Paris) – Saint-Quentin et ses chirographes : naissance et diffusion d’un modèle
10h30 : Pause-café
10h45 : Thomas Brunner (Université de Strasbourg) – Les chirographes des petites juridictions du Douaisis au XIIIe siècle
11h30 : Bernard Delmaire (Université de Lille 3) – Le chirographe de village en Flandre wallonne
12h15 : Lunch
14h00 : Marc Boone, Tineke Van Gassen (Université de Gand) – L’utilisation du chirographe à Gand au bas Moyen Âge : langue, milieu social, fonctions et formes
14h45 : Paul Bertrand (Université catholique de Louvain) – Les chirographes liégeois : autour d’un type documentaire hybride
15h30 : Pause-café
15h45 : Laurent Morelle (École pratique des hautes études, Paris) – Conclusions
16h15 : Fin de la seconde journée
Informations pratiques :
Université de Namur
28 et 29 septembre 2017
Adresse
Université de Namur – Salle NARC
55 rue de Bruxelles
B – 5000 Namur
Contact
Jean-François Nieus
jean-francois.nieus@unamur.be
++32 081724194
Comité organisateur :
Paul Bertrand (Louvain-la-Neuve), Thomas Brunner (Strasbourg), Jean-François Nieus (Namur), Mathilde Rivière (Louvain-la-Neuve)